iMAL

30 Quai des Charbonnages
1080 Bruxelles
Art Center for Digital Cultures & Technology

Julien Clauss & Olivier Perriquet

À propos de la residence de Julien et Olivier à iMAL

OBJET ORIENTÉ OBJET

La performance OOO est un live sur dispositifs analogiques où trois platines et un ensemble de projecteurs sont manipulés en direct.
Sur les platines, munies d'un laser qui fonctionne comme une tête de lecture et dont le signal est interprété par un synthétiseur modulaire, sont joués des objets.
Les actions sont visibles et simples.
Des sources de lumière ponctuelles, de différentes puissances, omni-directionelles ou focalisées, statiques ou mobiles, sont jouées simultanément, et révèlent les objets en les faisant exister à la taille de l'espace.

Partant d’objets dont les attributs (la couleur, la forme, la géométrie...) peuvent être immédiatement déchiffrés avec les yeux, c’est leur mise en mouvement qui fait naître une temporalité, un rythme. Ce rythme leur est externe, les objets n’en sont pas la source mais le butoir, la résistance, et confrontent de ce fait les phénomènes sonores et visuels qu’ils engendrent à la matérialité visible de leur présence. Les instruments qui génèrent le son et l’image sont à vue dès le départ et tout au long de la performance et les processus mis en jeu sont lisibles : tout est intelligible, décomposable par l’esprit, il se produit comme une arithmétique visuelle et sonore dont la complexité n’est ni un ajout, ni le résultat d’un processus qui serait caché dans les arcanes d’une « boite noire » mais emerge simplement des interférences entre des processus élémentaires, qui sont préalablement exposés au public. Celui-ci se retrouve au coeur du dispositif, partie intégrante de la projection. Il s’opère comme une transmutation dont l’équation générale est celle-ci : la matière, prise dans une cinétique régulière, produit du temps et de l’espace.

Nourris par les oeuvres d'expanded cinema et l'art minimal des années 1960, et collaborant depuis une vingtaine d'années, Julien Clauss et Olivier Perriquet ont progressivement rendu poreuses leurs pratiques du son et de l'image, le premier étant appréhendé dans ses dimensions spatiales, le second pour ses qualités musicales. Poursuivant ce qui les touche dans les pratiques audio-visuelles des années 60 - le rapport direct au média, la simplicité apparente du résultat, le contraste entre la limpidité d’une situation ou d’un dispositif et l’émotion qu’il éveille - et baissant le « niveau de bruit » dans l’intelligibilité de leurs instruments et de leurs actions, les petites variations, les micro-modulations, et en definitive chacun de leurs choix deviennent apparents et importants. Les machines sont pensées pour y mettre les mains, c’est en ce sens qu’elles prennent à leurs yeux la fonction d’un instrument.

Dans des collaborations précédentes, leur référent commun était celui de la musique sur support, où les instruments étaient conçus pour lire des informations enregistrées (des samples, des films) et les jouer en les agençant par différents principes de filtrage, superposition, masquage, déformation etc. OOO se situe dans un « avant le cinéma », au moment historique où le cinema n’est pas encore devenu une industrie, où le projecteur, la salle de cinéma, le rituel qui accompagne chaque projection, ne se sont pas encore standardisés en une forme niant l’espace car devenue banale et toujours identique. Travaillant au contraire en amont de la production de ces supports, OOO fait disparaitre le principe même d'un enregistrement préalable à une diffusion. Les sources de lumière, mobiles, remplacent la caméra et produisent une image dont la diffusion est immédiate, faisant coïncider tout à la fois la caméra, le projecteur et l'espace de projection, d'une part, et le tournage et la projection d'autre part.

Bio

Julien Clauss (1974), vit et travaille dans le Trièves. Fouillant les reliques de ses études en mécanique des fluides et en thermodynamique, il oeuvre depuis 2001 dans le champ des arts et médias. Sa pratique s'inscrit dans le champ élargi de la sculpture. Initialement sonore, elle s'est étendue au réseau et aux arts visuels. Orienté vers la fabrication d'espaces, son travail emprunte un vocabulaire concret parfois conceptuel ou minimal, l'environnement et les contextes du land art, et des expériences perceptuelles et immersives qui tendent vers une perte de repères. Il réalise des sculptures, des installations, des performances, des pièces sonores et des dispositifs radiophoniques. En contrepoint des installations et performances, ont émergé des projets de situations liés à une pratique de la micro radio. Descendantes de l’approche sociale de la micro-radio développé dans le Japon des années 80, ces situations utilisent le médium radiophonique à échelle réduite et créent des continuum entre production et écoute. Sorte d’art relationnel outsider, ces projets de « radio étendue » font émerger la structure du média pour la déposer à portée d’oreille.

Site web

Olivier Perriquet (1974) travaille à l'intersection de plusieurs champs des arts visuels, notamment le cinéma expérimental, l'expanded cinema, l’archéologie des médias, dont l'histoire, les formes et modes opératoires sont pour lui des référents implicites. Avec une affinité particulière pour la vision et l'optique, il conçoit des dispositifs qui montrent leur propre condition d’apparition et de réception, invitant souvent à une expérience inhabituelle du temps et de l’espace. A l'origine chercheur en sciences formelles et naturelles (mathématiques, biologie, intelligence artificielle), il s'est tourné vers l'art il y a une vingtaine d'années.

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Les lasers des platines ont été gracieusement fournis par la société Sick.